Collaboration OMS
Engagement de l'OMS
En 1994, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le noma comme un problème de Santé Publique et reconnu que le noma est une maladie mondiale, prédominante en Afrique, qui touche principalement les enfants entre 0 à 6 ans.
En 1998, l’OMS a estimé l’incidence globale du noma à plus de 140’000 cas par an avec un taux de mortalité entre 70 à 80%.
La stratégie de lutte de l’OMS, inspirée par Winds of Hope, repose sur la prévention et la détection précoce, les soins immédiats, l’information et l’éducation du public, la collecte des données épidémiologiques et enfin la création de lieux de référence pour le traitement des séquelles.
Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (OMS/Afro) s’est doté, depuis 2001, d’un Programme régional de lutte contre le noma (PRLN) dont le but principal est d’éliminer la maladie dans la région africaine qui demeure la plus durement touchée. Il s’agit d’élaborer, de mettre en œuvre et d’associer des programmes de prévention et de prise en charge des cas de noma dans les programmes nationaux de santé bucco-dentaire. Ces Programmes nationaux de lutte contre le noma (PNLN) ont connu un réel essor dans les pays soutenus à la faveur de la mobilisation de la communauté internationale.
En mai 2007, l’Assemblée Mondiale de la Santé a adopté une Résolution où il est demandé que les programmes de lutte contre le noma soient renforcés dans les pays affectés par la maladie.
Accords avec l'OMS/Afro
Le financement de Plans Nationaux de Lutte contre le Noma (PNLN) est le fer de lance de la Fondation qui a choisi de soutenir des programmes simples et à fort effet multiplicateur permettant l'information préventive, la détection précoce et les soins de santé primaires.
Il est indispensable que chaque pays, chaque ministère de la santé ait un plan national opérationnel qui puisse mener des campagnes nationales, à grande échelle, de formation d’agents de santé et de sensibilisation sociale tout en encadrant et coordonnant toutes les actions de lutte. À terme le renforcement des capacités nationales permettra d’obtenir des résultats durables dans l’élimination du noma.
Après avoir permis en 2000 le lancement du PNLN au Niger, Winds of Hope a décidé en 2002 de financer des programmes identiques au Burkina Faso, au Mali et au Bénin. La Fondation a donc signé en 2003 un partenariat de 5 ans avec le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique (OMS/Afro) pour un budget global de 2 millions d’EUR, soit 3 millions de CHF à cette époque. En 2006, le Togo et le Sénégal ont rejoint le groupe des pays soutenus par Winds of Hope.
Ce sont donc actuellement six pays d’Afrique de l’ouest qui bénéficient du soutien de la Fondation Winds of Hope à travers ces programmes de formation d’agents de santé capables de reconnaître et de soigner les premiers signes du noma. L’idée est de développer ces programmes pilotes sur les autres pays africains également touchés par le noma, les problèmes de malnutrition et de manque d’hygiène dû à la pauvreté extrême.
Le partenariat avec l’OMS/Afro et les Ministères de la Santé dans la lutte contre le noma en Afrique subsaharienne a permis le lancement de programmes nationaux de lutte contre le noma, initialement planifiés par l’OMS mais qui, faute de financement, n’avaient jamais pu démarrer. Il s’agit d’une première puisque personne n’avait, jusqu’alors, financé la mise en place de programmes de prévention en collaboration directe avec les autorités sanitaires.
En Octobre 2010, une nouvelle étape dans le partenariat entre l’OMS pour l’Afrique et Winds of Hope a été franchie. Un nouvel accord de collaboration a été conclu pour la relance et la redynamisation du Programme régional de lutte contre le noma avec un budget annuel de 400'000 euros renouvelable.
Ce partenariat tripartite s’articule ainsi :
• Le Ministère de la Santé élabore son plan national de lutte contre le noma, le soumet pour validation puis le met en œuvre activité par activité.
• L’OMS corrige et valide les plans de chaque pays puis assure leur suivi opérationnel, technique, logistique et financier. Il organise en outre un atelier inter-pays en y invitant comme observateur des ONGs locales.
• Winds of Hope approuve les plans, accorde leurs financements et supervise leur exécution, notamment par des missions d’évaluation et de coordination.
Dans ce cadre, les efforts de prévention des pays ont porté sur le renforcement des capacités des acteurs de terrain, notamment par la formation des agents de santé, et le développement d’activités d’information, de sensibilisation et de mobilisation sociale des populations. Parallèlement, des stratégies de dépistage, entrainant le traitement immédiat des lésions buccales dans les centres de santé et la prise en charge immédiate des enfants atteints de noma dans des structures ad hoc ont été développées en collaboration avec les services de santé et les ONGs présents sur le terrain.
La coordination du Programme Régional de Lutte contre le Noma (PRLN) qui fédère les six PNLN est assurée par le coordonnateur régional en santé orale et noma. Le programme fait partie du programme de lutte contre les Maladies Non-Transmissibles (MNT) appartenant au Groupe organique de prévention et de lutte contre la maladie (DPC) du Bureau Régional de l’OMS pour l’Afrique. Le coordonnateur noma est en charge de la gestion financière et administrative ainsi que de l’assistance technique aux pays bénéficiaires pour la mise en œuvre de leur programme. Il assure également que la coordination soit faite entre le ministère de la santé et le bureau national de l’OMS de chaque pays.
Dans chaque pays, la mise en œuvre des activités planifiées dans les plans d’action nationaux est assurée par le coordonnateur du PNLN du Ministère de la Santé et son équipe. Un point focal noma a été désigné au niveau des bureaux nationaux OMS des pays. Il est chargé d’appuyer le coordonnateur national dans la finalisation des plans d’action et dans les différentes étapes de mise en œuvre des activités programmées. Il assure également le suivi et la supervision de celles-ci.
L’OMS pour l’Afrique, situé à Brazzaville, avait nommé dans le cadre du partenariat 2003-2008 le Dr Charlotte Faty Ndiaye comme coordonnatrice du PRLN. Suite à la relance de la collaboration en 2010, un nouveau coordonnateur régional a été nommé en la personne du Dr Benoît Varenne.
Il faut compter environ 100’000 CHF par année pour financer le programme de tout un pays subsaharien quand plus de la moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est un investissement peu coûteux en regard du fort effet de levier de ces opérations dans la lutte contre les conséquences de la pauvreté extrême au premier rang desquelles il y a la malnutrition.
Programme Régional de Lutte contre le Noma
Le Programme Régional de Lutte contre le Noma (PRLN) a pour but l'élimination du noma. Ses principaux objectifs se résument à concevoir, mettre en œuvre, superviser et évaluer les activités sur le terrain dans le domaine de la prévention : formation d'agents de santé, détection précoce et soins de santé primaires, sensibilisation et mobilisation sociale, surveillance épidémiologique.
Il vise également à inscrire la reconnaissance du noma dans les filières de formation des professionnels de la santé à tous les niveaux et prend en compte la dimension de la santé communautaire de la lutte contre le noma et le rôle dévolu à ses agents dans la prévention et la détection précoce des cas.
L’appui aux 6 pays bénéficiaires est coordonné techniquement par l’OMS pour l’Afrique et financé par la Fondation Winds of Hope. Il consiste à l’élaboration, la validation et la mise en œuvre d’un Plan d’action National de Lutte contre le Noma (PNLN) dans chacun des pays selon le processus suivant :
• Un coordonnateur national pour lutte contre le noma est nommé par le Ministère de la santé et est généralement rattaché à la direction des maladies non transmissibles (MNT).
• Un atelier inter-pays annuel, réunissant le coordonnateur, le directeur MNT et le responsable du bureau OMS de chaque pays, permet de faire le bilan du programme qui se termine et de définir les objectifs de celui qui suivra.
• Chaque pays prépare son plan d’action qui est vérifié et corrigé par l’OMS pour l’Afrique avant d’être approuvé conjointement avec Winds of Hope.
• Chaque activité définie du plan fait l’objet d’une requête de fonds adressée par le Ministère de la santé à l’OMS. Cette demande est étudiée et validée par le bureau OMS du pays appelé aussi point focal.
• Le coordonnateur national met ainsi en œuvre son plan d’action avec l’appui du point focal OMS chargé de suivre et de contrôler l’adéquation entre les activités planifiées, les requêtes et leur mise en œuvre effective sur le terrain.
Les PNLN sont élaborés à partir de ces cinq composantes principales :
1. Renforcement et développement des capacités
Des formations dans le domaine de la prévention et de la prise en charge du noma sont dispensées aux agents de santé communautaires (ASC) et à ceux des centres de santé. Un accent particulier est porté sur la formation des agents qui travaillent dans des villages particulièrement isolés qui sont susceptibles d’être davantage touchés par le fléau du noma. Ces formations s’adressent également aux acteurs du secteur public et de la société civile (associations, groupements, ONG) investis dans les secteurs socio-sanitaires et la lutte contre le noma.
Concrètement, l’action consiste à instruire et former, en cascades successives allant du niveau national, à travers l’échelon régional et celui du district, jusqu’au niveau local du village, des agents de santé communautaires, ceux des structures de santé ainsi que des tradipraticiens capables d’inculquer les bases de la prévention et de détecter les premiers symptômes du noma dans chaque village du pays.
Cette composante comprend aussi les activités qui contribuent à l’intégration du noma dans les formations académiques des professionnels de la santé (formations initiales ou continues): médecins, dentistes, chirurgiens, infirmiers, sages-femmes, etc.
Le choix des régions ou districts sanitaires qui bénéficient des formations répond à certains critères en matière de résultats atteints, de niveau d’endémie ou encore de qualité de prise en charge des cas de noma.
2. Détection précoce des cas et soins immédiats
Cette composante s’adresse aux communautés, souvent isolées, touchées par le fléau du noma. En collaboration avec elles, les activités consistent en des dépistages, des examens systématiques de la bouche, et des traitements de lésions buccales des populations cibles dans les centres de réhabilitation nutritionnelle et les structures de santé primaire.
Ces activités sont réalisées principalement par les équipes soignantes des services de santé des pays et peuvent être aussi organisées par des volontaires issus de la communauté. Une liste des produits, consommables et médicaments essentiels indispensables à ces activités (dépistages et soins immédiats) est tenue à jour (quantité et coût).
En fonction du nombre de cas dépisté et pris en charge et en tenant compte des critères évoqués dans la composante précédente, une programmation des activités est planifiée puis mise en œuvre.
3. Sensibilisation et mobilisation sociale
L’objectif général est d’informer et d’alerter le grand public ainsi que les professionnels de santé en vue d’améliorer les connaissances, de lutter contre la discrimination et de promouvoir les changements de comportements associés au noma. Elle s’inscrit dans une démarche de promotion de la santé pour que in fine les communautés et les individus s’approprient les enjeux de la lutte contre la maladie.
Les activités consistent à organiser, au niveau local, régional et national, des campagnes médiatiques (radio locale, presse, télévision, cinéma mobile, etc.), des plaidoyers, et des événements. Des approches, souvent réalisées localement dans les langues nationales et en impliquant les communautés, ont fait la preuve de leur efficacité dans la sensibilisation et le changement des comportements : théâtre forum, cinéma mobile, radio-crochet, etc. autant d’activités qu’il faut développer en les confiant aux associations, ONGs et groupements reconnus pour le sérieux de leur démarche.
4. Matériels de formation et d’éducation
Pour appuyer la mise en œuvre des composantes précédentes, la production de supports de formation et d’éducation de divers types (affiches, posters, livrets, boîtes à image, chansons, BDs, films, etc.) en lien avec la diversité des publics cibles est une activité importante.
Dans ce domaine, les pays ont souvent développé leurs propres supports éducatifs. Les supports qui ont prouvés leur efficacité sont repris et multipliés, les autres revus et mis à jour. Afin de réduire les coûts de reproduction, un travail d’harmonisation de certains supports au niveau régional est effectué dans le respect des traditions et des cultes religieux nationaux.
5. Coordination et suivi-évaluation
L’animation, la coordination et le suivi-évaluation des activités par le coordonnateur national et son équipe est une composante essentielle du projet. Ces missions nécessitent des déplacements fréquents à l’intérieur du pays.
Le deux premières composantes mobilisent plus de la moitié des fonds alloués par Winds of Hope.
Ateliers inter-pays
Echanger les expériences, partager les meilleures pratiques, expliquer les enjeux, faire le bilan, définir le futur… tels sont les objectifs de ces ateliers.
Dans le cadre de la relance en 2010 de la collaboration avec l’OMS, a été instituée la tenue d’un atelier inter-pays pour chaque plan régional noma qui est lancé. La rencontre, organisée conjointement par l’OMS et le Ministère de la Santé du pays hôte, se déroule en principe sur trois jours. Elle a lieu à tour de rôle dans chacun des pays soutenus et réunit trois représentants par pays. Chaque délégation est représentée par le coordonnateur national noma accompagné de son chef des maladies non transmissibles du Ministère de la santé et du point focal OMS du pays.
Les objectifs de ces ateliers de travail sur les activités de lutte contre le noma dans les pays sont :
• Echanger les expériences accumulées au cours des années dans la lutte contre le noma
• Partager les meilleures pratiques innovantes et intégrées ainsi que les supports pédagogiques et éducatifs qui ont montré leur efficacité,
• Expliquer les enjeux et les objectifs du PRLN.
• Etablir un bilan des activités menées au cours de l’année écoulé et un bilan consolidé des activités menées depuis 2003
• Travailler sur le plan d’action de lutte contre le noma de l’année suivante.
Cet atelier est généralement ouvert par le Ministre de la santé du pays d’accueil et bénéficie d’une très bonne couverture médiatique nationale.
Le premier atelier à Niamey a été marqué par la relance des PNLN avec une harmonisation de leurs objectifs. Cela a permis une amélioration notable de leur qualité et un meilleur suivi des résultats attendus.
Le deuxième atelier à Ouidah a surtout permis d’aboutir à une définition commune des rôles et responsabilités dévolus aux agents de santé communautaire dans la lutte contre le noma.
Décembre 2010 : Niamey (Niger) – lien rapport
Novembre 2011 : Ouidah (Bénin) – lien rapport
Décembre 2012 : Brazzaville (Congo) – lien rapport
Octobre 2013 : Dakar (Sénégal) – rapport à venir